Pêche et aquaculture : le temps des artisans
Share
Par André Naoussi, à Tanger (Maroc)
Un atelier de trois jours, organisé en présentiel et visioconférence, s’est ouvert le mardi 22 février 2022 à Tanger, au nord du Maroc, sous le thème : ‘’La pêche et l’aquaculture artisanales, composantes majeures d’un développement socio-économique inclusif’’.
L’initiative vient de la Conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre États africains riverains de l’Atlantique (COMHAFAT), organisme basé à Rabat et qui regroupe vingt-deux pays africains. Elle veut ainsi apporter sa contribution à la célébration en 2022 de ‘’l’Année internationale de la pêche et de l’aquaculture artisanales’’ (AIPAA), votée par l’assemblée générale de l’ONU. Le Secrétaire exécutif de la Comhafat, M. Abdelouahed Benabbou, s’est félicité de la présence des représentants de dix-huit États membres, de deux organismes régionaux de pêche, et de cinq organisations de la société civile africaine ; auxquels se sont connectés quarante-six intervenants en visioconférence.
Il n’est plus besoin de démontrer l’intérêt du sujet pour le continent, où deux cent millions de personnes dépendent de la pêche comme source de protéines animales et moyen de subsistance. Cette ressource provient essentiellement de la pêche à petite échelle (dite ‘’artisanale’’), où les femmes et les jeunes jouent un rôle prépondérant, mais dans des conditions de travail difficiles et précaires.
Engagements des partenaires
Une vraie prise de conscience se dessine sur cette problématique, qui mobilise des initiatives de toutes formes : États, organismes multilatéraux, partenaires, société civile. Le Plan Halieutis au Maroc propulse déjà la pêche artisanale à 60% de la production nationale, comme le révèle M. Rachid Messaouda, du ministère des pêches. Le Bureau Interafricain des ressources animales (BIRA), une structure de l’UA, rassure, par la voix de Dr. Mohamed Seisay, du renforcement de son engament à accompagner principalement les femmes et les jeunes dans la gestion des pêcheries artisanales. Même écho de la coopération japonaise, partenaire majeur de la COMHAFAT à travers son agence internationale de pêche, OFCF. Tous s’engagent à donner un éclat particulier à l’AIPAA 2022, dont les sept piliers ont été développés par M. Abdenaji Laamrich de la Comhafat.
Des pas encourageants des États
Dans cette mouvance, l’on peut se féliciter des résultats concrets obtenus dans quelquesÉtats, dont certains les partagent avec d’autres pays. Cas du Maroc, pionnier dans le développement de Points de débarquement aménagés (PDA), avec déjà une réplique en Côte d’Ivoire. Le Bénin met en œuvre depuis 2010 le Projet de vulgarisation de l’aquaculture continentales (PROVAC), avec une approche de ‘’fermier à fermier’’ (formation d’agents locaux de vulgarisation), et la création d’un logiciel pour gestion des aliments des espèces d’élevage, baptisé ‘’Fish Meat’’ (disponible en ligne). L’expérience du Bénin a déjà profité au Cameroun et au Togo ; d’autres pays frappent à la porte.
Forte mobilisation de la société civile
De leur côté, les acteurs non étatiques ne se contentent plus de sonner l’alerte, ils apportent des solutions concrètes. M. Gaoussou Guèye, président de la Confédération africaine des organisations de la pêche artisanale (CAOPA), énonce trois priorités fortes : accès sécurisé aux ressources, promotion de la place des femmes, protection contre la compétition des autres acteurs de l’économie bleue. Dr. Helguilè Shep, directeur de INFOPECHE (chargée de la dissémination des données de la pêche en Afrique), plaide pour une mise en réseau des instituts de recherche, et le renforcement de la coopération Sud-Sud.
Il est en effet temps que l’Afrique finance elle-même la construction de ses infrastructures de pêche.
This post was created with our nice and easy submission form. Create your post!