Un groupe de travail intersectoriel vient d’être créé, pour mieux valoriser la crevette qui est le premier produit d’exportation halieutique du Cameroun.
Par André Naoussi.
La cité balnéaire de Kribi, que baigne l’océan Atlantique au sud du Cameroun, était le cadre idéal de cogitation en décembre 2021, pour la création de cette structure qui s’appellera simplement ‘’Plateforme Crevettes’’. Sa mission : venir en appui et collaborer avec l’ensemble des acteurs opérationnels du secteur de la pêche et de l’aquaculture, afin de soutenir le développement durable de la chaîne de valeur des crevettes au Cameroun. «L’objectif de cette plateforme est de rassembler et mobiliser les forces vives présentes au Cameroun afin de créer un environnement propice à la croissance économique, à la sécurité́ alimentaire et à la réduction de l’empreinte écologique de la pêche à la crevette», a précisé Gilles van de Walle, Coordonnateur de FISH4ACP (’’Fish For ACP’’), une initiative de la FAO en faveur du développement durable de la pêche et de l’aquaculture dans les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique, qui a ciblé la filière crevettière pour le Cameroun (projet lancé en juin 2021).
Groupe de travail inclusif animé par des bénévoles, la Plateforme Crevettes rassemble les représentants des acteurs qui interviennent dans la chaine de valeurs, c’est-à-dire toutes les étapes du circuit de la crevette (élevage, capture, conservation, transformation, traitement sanitaire, transport, promotion, commercialisation, exportation, recherche scientifique, etc.).
Visite d’un débarcadère
Les deux journées de travail ont alterné travaux en salle et descente sur le terrain. Notamment, la visite du célèbredébarcadère de Mboa Manga a permis aux 27 participants de mieux appréhender les activitésnécessaires au développement de la filière. Le directeur de ce point de débarquement, de commercialisation et de consommation des produits de la pêche, a présenté, entre autres, la station d’approvisionnement en carburant, l’atelier de fabrication des embarcations et engins de pêche, l’atelier d’entretien et réparation des moteurs hors-bord. Tout à côté, sous un grand hangar, se trouve le marché́ des produits frais de la pêche(surtout la crevette et autres crustacés) ; des restaurants proposent également la dégustation de ces produits sous toutes formes (crus, cuits, grillés, frits).
Des échanges avec les acteurs ont permis de cerner les goulots d’étranglement de la filière crevettière, dont, entre autres : manque de financement, contraintes environnementales, faible accès aux marchés, difficultés dans la conservation, présence majoritaires d’acteurs étrangers peu soucieux d’une exploitation rationnelle des ressources.
Résultats rapides et concrets
Ces constats ont été partagés avec d’autres intervenants qui participaient aux travaux par visioconférence (dont une équipe au siège de la FAO à Rome). Il a été convenu de créer immédiatement la ‘’Plateforme Crevettes’’, avec priorité l’atteinte de résultats rapides et concrets. Pour faciliter son opérationnalisation, sa taille a été limitée à vingt-cinq membres. Ils représentent le secteur privé, l’Administration publique, les ONG et associations (avec en bonne place celles des femmes).
L’animation des activités est confiée à un Comité ad hoc, lui aussi allégé, dont les membres ont été élus à la fin des travaux : un président (M. Imoulanok Louis Martin, secteur privé, pêcheur industriel des crevettes), un vice-président (M. Ngoandé Salvador, secteur public), un secrétaire général (M. Biakoum Ghislain Edgar, Chambre d’Agriculture), un sg adjoint (Mme TobenKamdemBéatrice, commerçante des produits de pêche), et une trésorière (Mme BeyeneAteba Christiane, présidentede l’association camerounaise des femmes transformatrices des produits halieutiques). L’équipe sera assistée d’un secrétariat technique, dont la coordination pour la première année est confiée à la FAO.
Trois mois pour l’évaluation
L’action d’abord ! Leitmotiv assigné au comité, dont la feuille de route précise les premiers résultats attendus dans des délais précis et brefs : créer des groupes de communication (janvier 2022) ; élaborer la charte, les statuts et le règlement intérieur (février) ; organiser un atelier de validation des statuts et du rapport de l’analyse de la chaîne de valeur de la filière crevettes (mars).« La principale satisfaction de la FAO sera d’avoir contribué́ à relever la chaine de valeur crevettière au Cameroun », a rappelé Dr Pierre NolasqueMekeSoung, Coordonnateur National du projet Fish4Acp pour le Cameroun. C’est dire si le maçon est attendu au pied du mur (ou mieux, le pêcheur au bord de l’eau).