Atelier ECOFISH pour médias : Les journalistes se jettent à l’eau

Share
Partager

Par André NAOUSSI, à Nairobi (Kenya)

Pour combattre le fléau de la pêche sauvage et contribuer à la survie des poissons, les journalistes et communicateurs sont de plus en plus appelés dans la barque. Le programme ECOFISH vient d’initier une expérience fructueuse dans ce sens du 24 au 26 mai 2022 à Nairobi.

Apprendre en salle et expérimenter immédiatement sur le terrain. Les journalistes venus d’une dizaine de pays d’Afrique de l’Est, d’Afrique australe et de l’Océan Indien (AEAOI), ont pu relever ce défi. La rencontre était davantage un échange qu’un cours, d’autant que des responsables de neuf institutions régionales tenaient une session parallèle sur le plaidoyer pour la pêche, et agissaient comme personnes-ressources.

Ils sont là, les ravages cruels de la pêche sauvage et illégale, de la destruction de l’environnement et des écosystèmes marins. Et quand bien même le poisson est sorti des eaux pour la consommation ou le commerce, d’autres défis jalonnent le parcours : sélection, traitement, transport, conservation, commerce, exportation…

Les États prennent-ils la pleine mesure de ces défis ? Ont-ils les moyens de les relever ? Les producteurs en sont-ils conscients ? Toujours est-il qu’un potentiel de cinquante milliards d’euros (plus de trente mille milliards de Fcfa) se trouve latent ou en perte dans la zone AEAOI. Les journalistes et communicateurs, mieux outillés sur ces questions, feront certainement partie des solutions, notamment pour informer le grand public, sensibiliser les décideurs, éclairer les acteurs de la pêche, promouvoir les meilleures pratiques dans ce secteur.

Des solutions mieux que des problèmes

Les professionnels des médias sont alors exhortés à opter pour «le journalisme constructif, qui au-delà des problèmes soulevés insiste sur les solutions à apporter», tel que l’a expliqué Levi Manda, enseignant de communication. Dénoncer, démontrer, proposer ; cette démarche pourrait contribuer à baliser des voies de solutions compréhensibles pour tous, afin de relever les défis et mieux exploiter l’immense potentiel du secteur de la pêche en Afrique.

Et cela passe souvent par des démarches simples qui soulèvent pourtant des problèmes complexes auxquels il faut proposer des solutions idoines. Les participants en ont fait l’expérience lors de rencontres avec des revendeurs de poisson frais au grand marché de Nairobi.

Mise en réseau

Un regard nouveau de ces journalistes se posera désormais sur les questions de pêche. Ils se battront pour en faire des préoccupations dans leurs productions et leurs médias, et échanger mutuellement leurs expériences. Pour maintenir cette flamme, ils ont résolu de se mettre en réseau, avec les facilités offertes par les outils numériques.

La création d’une association formelle et légalisée constitue un challenge exaltant, mais ardu. Ils en ont vu la démonstration avec la présentation de l’expérience de l’Observatoire des Médias pour une Pêche durable en Afrique (OMPDA), déroulée par son Coordonnateur, auteur des présentes lignes. L’option adoptée est de rejoindre massivement l’OMPDA, pour plus de synergie et d’efficacité.

ECOFISH en bref…

  • Nature :Programme interrégional de pêche (lancé à la fin du programme ‘’Smart Fish’’).
  • Durée : Septembre 2018 – Septembre 2024.
  • Zone : région Afrique de l’Est, Afrique Australe, Océan Indien (acronyme anglais EA-SA-IO).
  • Initiateur et bailleur de fonds : Union Européenne.
  • Budget : 28 millions d’euros.
  • Partenaires : 9 organisations de la région EA-SA-IO.
  • Leitmotiv :Construire des synergies interrégionales.
  • Objectif global : Améliorer une croissance économique équitable en promouvant une pêche durable dans la région EA-SA-IO.
  • Siège : locaux de la Commission de l’Océan Indien (COI), Port-Louis (Ile Maurice).

ILS ONT DIT…

Marc Maminiaina, Chargé de Mission de Commission de l’Océan Indien (COI) auprès de ECOFISH :

«Désormais, nous savons comment mieux impliquer les médias de la région dans la mise en œuvre du programme Ecofish, qui est transversal et interrégional, nécessitant une grande coordination et l’implication de tous les acteurs du secteurs de la pêche. L’interaction sera accrue et permanente entre les journalistes et les responsables des organisations régionales, avec qui ils ont eu des contacts face à face à Nairobi.»

Judith Akolo, éditorialiste à la Radiotélévision du Kenya :

«Nous comprenons mieux les enjeux de la pêche et du poisson, qui vont au-delà de la nutrition et la santé, pour embrasser des domaines divers comme l’économie nationale, la survie des communautés locales, la piraterie maritime, les circuits commerciaux, les relations régionales et planétaires. Au vu de mon expérience, je me donne pour devoir de former les jeunes journalistes sur le traitement des questions de pêche. En tant que professionnels africains, nous devons construire ou renforcer les réseaux continentaux de médias sur la pêche.» 

Yoseph ShiferawMamo, Directeur des Pêches et des Ressources animales, au Marché commun de l’Afrique de l’Est et Australe (COMESA) :

«Nous allons mieux aider les États membres à développer des politiques et des stratégies dans le domaine de la pêche. En plus de la démarche habituelle qui consiste en un support technique et la coordination de solutions interrégionales, le plaidoyer pour le rôle des médias fera partie de nos préoccupations.»

Benjamin Muyakana, Administrateur Ecofish à l’Organisation des pêches du Lac Victoria (LVFO)

«Il faudra s’appuyer sur les médias pour encourager les acteurs de la pêche à s’organiser en coopératives afin de mieux profiter des soutiens que peuvent apporter les organisations régionales de gestion de la pêche. Entre autres appuis, il y a la fournitures d’équipements de pêche, l’achat de matériels frigorifiques, l’aménagement de point de débarquement ou même de villages de pêche.»